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12/02/2008

Nouvelle - Les contes à compter - Josiane - Energies verdoyantes

D’abord, il y a l’emballage, celui qui cerne une personnalité, celui qui attire quelques instants furtifs les regards, ces yeux noisettes en forme d'amandes détecte chaque mouvement, chaque changement d'iris, chaque geste. Tel un félin, il se positionne devant son public. Il impose son règlement d'ordre extérieur à tout son personnel. Sa fonction s'applique à un grand chef d'un service d'appels, un call center en anglais, dans un établissement commercial. Quatre employées commencent leur ballet de venue dans ce centre d'appels. Seul homme parmi quelques femmes, il déploie tant de ruses pour que ces opératrices augmentent les index de vente à la hausse. Une des employées ouvre le frigo pour y déposer son dîner et constate que la couleur des étagères blanches brillantes prennent le ton d'un gris profond. Plus aucune bouteille orne la porte. Après quelques gestes matinales, un café expresso cherché au dernier étage, petit croissant émietté, le chef s'avance devant un panneau blanc, non loin de l'espace réfectoire. Il colle à l'aide d'aimant ce petit bout de papier couleur menthe. Sous le regard médusés de ses employées, il affiche la liste des pratiques autorisées depuis ce jour, un lundi, dans l'entreprise pour une meilleur éthique. L'utilisation de tous les appareils électriques sera réglementée. Cette décision descend quelques étages ou quelques stries du personnel. La cassure avec une pratique quotidienne, l'emploi des appareils qui consomment du pétrole directement et ou indirectement sera sanctionné par une diminution de salaire. Les avantages dédiés au personnel perd un peu de sa virginité. La lecture de cette note a débuté furtivement et ce suite à l'ordre de monsieur au salaire et avec des responsabilités plus élevées.

- Le conseil d'administration, la direction et le chef du personnel demande par un souci écologique de ne plus utiliser tous les appareils électriques qui se trouvent dans l'espace réfectoire à tous les étages. Et une vague de signatures atteste cette notice.

Et un attroupement de femmes s'impose devant la cafetière électrique qui ne peut plus fonctionner allègrement. Christiane, celle qui arrive toujours en dernière minute, ne comprend pas la fébrilité pesante dans l'espace travail. Elle s'engage directement à son poste, essaye d'ouvrir son instrument de travail. Liliane, mère de trois enfants, divorcée, lance la phrase du jour :

- "Si je comprends bien la nouvelle consigne, monsieur, il nous est interdit d'allumer notre ordinateur pour voir défiler toutes les personnes que nous devons appeler et surtout pour l'éthique".

Josiane, la femme d'ouvrage, elle a déjà fini son travail de la matinée se mêle au groupe dans l'agitation de personnes mécontentes de cette pratique. Elle prend note de tous arguments qui fusent. Le grand chef essaye de maîtriser ce groupe de femmes révolutionnaires. Il est étonné par cet excès de revendication syndicale. L'autre face du médaillon, ce personnel si docile à ce jour se montre furieux face à ces injonctions de la direction. Ce nouvel ordre ne fait pas un carton !

Il élève la voix

- Mesdames à vos postes et faites du chiffre !!!!

Henri l'informaticien arrive dans le pôle des téléphonistes et annonce

- Les ordinateurs font grève, suite à une réunion dans le service informatique, nous avons décidé de plomber les programmes.

Guillaume, le chef rétorque

- Cela ne se passera pas comme cela.

Il sort du bureau comme une furie et quelques pellicules de miettes s'échappent dans l'air.

Liliane va à l'encontre d'Henri et lui dit

- Voilà, vous le faites monter à l'étage supérieur. Que se passe-t-il réellement ?

- Le comptable était venu nous trouver, dans le service, vendredi après-midi signalant qu'il encodait l'achat des cellules voltaïques. Et un délai assez court, les frais d'électricité seront moindres. Il n'est pas encore possible de chiffrer le gain potentiel, cela diminue les charges. Mais en plus, ils veulent au final augmenter leur gain en nous supprimant l'utilisation des appareils électriques au nom de l'écologie.

Ensuite, ces femmes face à ces machines mortes, restent médusées sur les pratiques de cette entreprise. Les mines se referment face à cet avalanche de positions fermes. Comme un mauvais amant, cette firme pompe toute l'essence, l'énergie de son personnel et au passage essaye de se rajouter une dîme sur le surplus d'électricité. Bien des pratiques humaines changent avec la combativité, la mondialisation. Décidément, beaucoup d'avantages se dispersent et s'éparpillent tel un dossier fermé d'un ruban violet.


Véronique DUBOIS

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